Avec “peggy m.”, paru aux éditions la place, Perle Vallens nous plonge au fin fond de l'horreur, dans la hantise archaïque qui laisse sans vie parents et proches survivants du deuil d'enfants arrachés, souillés, meurtris.
Là où personne n'ose poser le regard, Perle Vallens, orfèvre du verbe cisèle un polyphonique diamant noir. Elle lève le dernier des linceuls pour chercher où peut bien être “la raison lorsque la détresse prend toute la place?”
Folie, fusil chargé prêt à venger, corps cherchés à corps et à cris... si le bagne des bourreaux est à Cayenne, celui des proches de victimes reste, pour toujours, dans la tête.
Un livre sur l'immortalité du manque, sur ses échos dans le tunnel du vide où
“Souffle manque.
Espoir manque.
Manque
Que ça
Rien. Nuit.”
Peggy M., web fantôme face à son écran miroir, folle incarnation devenant âme sœur, nous glace les sangs en intraveineuse car si “ de l'avis de tous il y a un avant et un après”... on sait que cet après ne sera jamais qu'un non lieu, une dune lunaire dans laquelle on est appelé à errer sans fin.
Texte ramassé, pour corps ramassés eux aussi, qui vient tordre l'atroce, le faire céder par voix de style, puisqu'il faut, devant les loups, toujours se tenir debout.
Si “les fantômes pèsent le poids d'un assassin”, Perle Vallens “a trouvé un cœur qui bouge”, un cœur qui “éloigne de la mort”, un corps qui double le poids des bourreaux: le corps de ce conte qui fourmille fragile de vie et qui bat l'horreur, la hantise archaïque, la détresse.
Comments